A la ferme des coûts à Chambretaud, nous sommes accueillis par Chantal et Joseph, des agriculteurs généreux.
Chantal nous raconte l’histoire de sa ferme, elle est passionnée et inépuisable. Elle nous raconte comment elle et son mari ont acquis la ferme familiale après 300 ans de métayage (comment, le métayage n’est pas lié à l’époque féodale et a existé jusque dans les années 70? On pensait que ça avait été aboli au max au moment de la révolution française…),
comment les vaches laitières se sont fait concurrencées par l’Europe après la chute du mur de Berlin, ce qui les a fait basculer vers un cheptel de vache à viande (elles sont énoooooormes),
comment l’élevage du faisan sur les terres voisines leur à donné l’idée d’élever à leur tour des cerfs pour la chasse,
comment finalement ils ont plutôt destiné leurs cerfs à des produits de transformation qu’ils fabriquent et vendent eux-mêmes,
et comment ils ont créé leur aire de camping et choisi ensuite d’y poser des kottas finlandais (des sortes de petites huttes en bois, mini mais super confortables : chambre, mini salle de bain et parfois mini cuisine… des maisons de hobbits, on vous dit!).
C’est tout simplement passionnant d’écouter le fil de leur histoire, de toucher du doigt les ressources qu’il faut avoir pour se diversifier dans un monde agricole de plus en plus accidenté, la bonne humeur avec laquelle ils rebondissent, le modernisme dont ils font preuve dans cette ferme pourtant classique, qui les a vu naître à une époque où le métayage existait encore.
Leur bonne humeur et leur disponibilité est à toute épreuve, et nous plantons notre tente près du kotta-grill où Chantal nous permet de prendre nos aises (elle ne sait pas encore qu’on est tout à fait capable de s’étaler…).
Le mercredi (J28), on fait une journée de pause dans cet endroit reposant, on déambule dans la ferme, Lionel fait les courses pour les 4 jours suivants, on prépare notre visite du Puy du Fou. On installe une douchette solaire entre deux arbres (sorte de gros sac qu’on remplit d’eau et qu’on laisse chauffer au soleil) et les enfants passent l’après-midi à s’arroser, ou à lire dans le hamac.
Le soir, on fait la connaissance de Marie-Christine, une commerciale en produits vétérinaires de passage dans la région, qui a loué un kotta et qui découvre elle aussi la ferme. On partage notre dîner et un super moment autour de notre popote, à parler animaux et laine, voyage et agriculture.
Après le repas, on assiste au repas du troupeau de cerf. Joseph dépose la nourriture du troupeau dans le champ adjacent à la ferme, et on attend que monsieur le chef des cerfs, majestueux et un peu crâneur avec ses immenses bois et son port de tête impeccable, décide de venir brouter cette nourriture. Alors tout le troupeau le suit au galop depuis les immenses champs plus lointains où ils sont tranquilles à se reposer, jeunes cerfs, biches et bébés faons trop mignons. Mais attention!! Si chef cerf lève la tête et tourne les sabots, le troupeau le suit illico.
C’est un spectacle assez rare, très calme, silencieux et limite solennel (on est presque à suivre le chef-cerf si ses bois nous indiquent la direction à prendre), on sent l’intensité du moment.
Jeudi et vendredi 10 et 11 juin, J29 et 30 (2x14km), c’est nos journées au grand parc du Puy du Fou. C’est la réouverture du parc, alors il n’y a pas grand monde, et c’est tout simplement la régalade.
On y part à vélo, c’est à 7km, dans la fraîcheur du petit matin, par des petits chemin du bocage vendéen (on dit aussi la Suisse vendéenne, car c’est très vallonné et arboré).
Le parc du Puy du Fou est immense, plein de verdure, hyper bien aménagé : on se demande ce qui est d’origine sur le site, comme les ruines du château, et ce qui a été construit récemment, tellement tout est bien fait et intégré dans le site.
Les spectacles sont incroyables et surprenants, parfois ahurissants, et toujours bluffants.
On y reste jusqu’à 23h le soir, pour le dernier spectacle nocturne avec jets d’eau et jeux de lumière, grande musique et surprises qui sortent de l’eau (des pianos, des gens, des carrosses, des orgues… chut, on n’en dira pas plus).
Retour de nuit à vélo, dans le bocage, avec nos frontales, ambiance particulière et un peu surréaliste, qui clos magnifiquement une journée riche en surprises.
Le lendemain, deuxième jour de Puy du Fou, plus petite journée. On boucle les quelques scènes qu’on n’a pas encore vues et on va revoir nos préférées : le bal des oiseaux fantômes (spectacle majestueux de fauconnerie) et les vikings (je ne peux rien dire pour ne pas spoiler mais c’est tout simplement incroyable).
On rentre plus tôt, vers 17h, pour préparer notre départ de demain.
A la tombée de la nuit, avec Chantal et Joseph, on se refait le spectacle solennel des cerfs avec le chef crâneur qui nous intimide. Un tout petit bébé faon perd sa maman au milieu du troupeau, et on reste un bon moment à observer les stratagèmes qu’il utilise pour la retrouver.
Chantal, elle, est inquiète, parce qu’avec le Covid, elle et Joseph n’ont pas pu faire les repas hebdomadaires habituels lors desquels ils recevraient des groupes, et préparaient des repas à base de viande de cerf.
Du coup, leur troupeau a presque doublé en nombre. Il y a énormément de petits, que nous on trouve trop mignons avec nos yeux de touristes, mais qui représentent des bouches à nourrir pour la ferme, avec un troupeau où la consanguinité grandit….
Samedi 12 juin, j31, on repart de la ferme avec des souvenirs plein la tête : ceux prélevés au Puy du Fou, un parc vraiment incroyable, mais aussi ceux récoltés avec Chantal et Joseph, un couple plein de force et de bonne humeur.
On laisse d’ailleurs le 3ème de nos pommiers aux bons soins de Joseph, qui, en échange, nous confie un petit chêne…. et une salade à faire pousser et manger!
On part donc le cœur en joie avec notre petit potager, et la devise de Joseph à méditer : « Pour sauver un agriculteur, mangez un végan! »