Déjà une petite semaine que nous pédalons…. Et déjà tellement plein de rencontres et d’aventures! Plus ou moins drôle, d’ailleurs.
Revenons-en au début.
Jeudi 13 mai au matin, départ de la maison avec les copains venus nous faire le dernier bisou, on est gonflé à bloc, comme nos pneus, le temps est au beau fixe, les bagages sont bien lourds, on a le cœur en joie et la tête pleine de promesses que nous réservera ce voyage, on en est sûr.
Victor (le frère de Lionel) nous accompagne sur les deux premiers jours.
Première halte à Montarnaud (51km, D+ (dénivelé positif) 810m) chez les cousins Jullian (c’est tellement rassurant de savoir qu’on sera accueillis avec bienveillance pour notre première nuit, merci JeanPierre et Patricia!). Sur le chemin, déjà de chouettes rencontres : Patrick le rouleur infatigable de 72 ans qui nous a suivi plusieurs km avec la banane et le verbe insatiable, et Pierre le designer-inventeur, un « collègue » de l’accélérateur OpenTourismeLab dont Lionel fait partie (avec sa super capuche révolutionnaire : l’overcap !).
Deuxième halte à Bédarieux (61km, D+910m), chez les copains Julien et Joan, avec au programme douceur de vivre et anecdotes drôles et inépuisables de Juju (le cycliste zen qui est capable de rouler 385km en 36h. Véridique! Il se lance des petits défis perso pour le plaisir, et le pire -ou le mieux- c’est qu’il les réalise).
Troisième matin, on se lance sur la Passa Païs, une voie verte qui rejoint Bédarieux à Mazamet, que nous connaissons pour l’avoir déjà parcouru en août 2018 pour un bike-trip familial d’une semaine en vélo musculaire. Elle nous avait laissé un super souvenir, alors on s’y engage le cœur léger (et le bagage toujours lourd, quoiqu’Anaïs a déjà commencé à semer ses affaires chez les copains…). Pic-nique au bord de l’eau avec les zamis (team Jéjé) et c’est reparti! On pédale pour la première fois tous les 5, casques au vent, sous un temps…. un peu humide, non? Et puis, on n’est pas parti un peu tard? Et moi j’ai rien mangé au pic-nique (ben t’étais où?)!! La tension monte, la pluie arrive, et il reste encore combien de temps?!? Trop. Il est déjà 17h en plus! Alors pour éviter de se bouffer tout crus, on s’arrête dans le gîte le plus proche : ça tombe bien, c’est chez Thérèse, la ferme qui nous avait déjà accueilli trois ans plus tôt un jour de pluie! Les enfants adorent, retrouvent Violette la jument de 38 ans, demandent des nouvelles du cochon : «et bien, il est au congel! » (quelle question aussi!)
Nina file aux champs déplacer les chevaux avec Thérèse et tout les 3 nourrissent et rentrent poules, canards et lapins. Et la pluie qui les faisaient râler 1h plus tôt ? Bah, on s’en fout! Quelle pluie d’ailleurs?!? On voit pas de quoi tu parles… Grrrr…. Merci Thérèse pour cette force naturelle et ton gîte deux fois salvateur, mais pas merci pour tes prédictions météo du lendemain.
On repart donc confiant le quatrième matin, sous un ciel grisonnant qui vire à la pluviotte. Objectif Saint Ferréol, sur le canal du midi, et après le grand tunnel du col, dans le Tarn, il n’y aura plus de pluie nous promet Thérèse. Mais le tunnel passe, la pluie se fait incessante, la voie verte est détrempée, le sol sablonneux est soulevé par nos roues, la boue commence à coller aux vélos, éclabousse nos pieds, nos jambes, nos sacs… les enfants sont solides, on baisse la tête et on avance (bon, on râle un peu quand même, mais vu la situation, rien de bien méchant). L’eau dans les baskets fait floc-floc entre les orteils sous la force de nos coup de pédales, (baskets dont on ne reconnait plus la couleur, d’ailleurs), les gants sont trempés et les mains gelées, le casque est baissé pour parer les gouttes… ça fait 1h30 qu’on roule ainsi et la première chute arrive. En cherchant une boulangerie pour se rassasier, route glissante, voitures pressées et trottoir perfide, Eliot et Manon se retrouvent à terre sous la pluie battante. Plus de peur que de mal, mais il faut se ressaisir. Il faut changer de plan. Trouver une solution. Dormir au sec. Prendre une douche chaude. Ne plus perdre le risque de se faire mal. Ne pas se dégoûter. C’est vraiment le pire jour de toute ma vie entière, nous dit Nina.
Et c’est là qu’on peut compter sur sa famille. David, le frère de Manon chez qui on doit faire une halte le lendemain soir, devient notre sauveur. Vive le téléphone, vive sa voiture, vive sa remorque!
Le rendez-vous est pris pour Mazamet, et nos derniers kilomètres, le ventre rempli de pains au chocolat (c’est tout ce qu’on a trouvé!), sont plus légers, prometteurs d’une soirée au chaud, au sec, et en prime avec les cousins!
A la gare de Mazamet, on se décharge au max de nos kilos de boue en frottant les sacs et les vélos, et Lionel attrape à la volée le dernier train pour Toulouse avec le tandem et la remorque (parce que notre sauveur n’est quand même pas l’inspecteur Gadget même s’il en a des airs, et que sa remorque ne pourra pas contenir tout notre barda!)
David est au rdv sans sourciller, on charge le matos toujours sous la pluie, (vélos, suiveur et sacs), on enfile des sacs poubelles sur nos vêtements pour ne pas retapisser la voiture, et nous voilà partis pour Montlaur près de Toulouse.
1h plus tard, les enfants, déshabillés sur le perron, sont propres et au chaud, jouants avec les cousins, et David et Manon déchargent le matos sous la pluie toujours battante, avant de tout passer au jet d’eau pour rincer le sable et la boue. Tout. Même les baskets encore sur les pieds! Lionel nous rejoint sur ces entrefaits (+35km de la gare de Toulouse à Montlaur pour lui!)
C’est bizarre de prendre une douche au jet d’eau dehors, tout habillés et sous la pluie. Mais là on s’en fout. On s’est fait repêcher par la famille, superdisponible et généreuse. C’est aussi ça qui se vérifie sans le vouloir lors des voyages, qu’on aime partager et apprécier.
On est resté 36h à se faire réchauffer le cœur, entre les bons gâteaux d’Isa et les jeux entre cousins (Salomé en a loupé l’école, ouh!), les câbles qui solutionnent tout de David et les discussions scientifiques.
Merci la famille !